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Isabelle Lartault : Nom de mon de

lundi 20 octobre 2014

Par Christophe Stolowicki

Isabelle Lartault : Nom de mon de, Passage d’encres, coll. Trace(s), 2011.

« Quand les médias, la vie contemporaine regorgent de chiffres, comme l’écran de fumée derrière lequel court à l’abîme la vie, ne chiffrant ni ne déchiffrant le réel, l’asphyxiant, ne dénombrant plus d’or, NOM DE MON DE, d’Isabelle Lartault*, se feuillette, se lit comme une bouffée d’oxygène. En encadré, non les chiffres du jour du CAC 40 ni du taux de l’usure, mais ceux de la distance de la Terre au Soleil et de vous à moi. Suivent deux versions d’un même texte, une compacte, une très ajourée, en quatre pages en regard comme rimes embrassées ou chiasme, la lacunaire disant la vérité du passage que la dense obstrue. Séries, celle du N sur toute une page s’étoffant de l’épaisse mince embouchure d’un NOM. Glissements qui crucifient l’usage : « L’accent est indiscernable. Le nom est d’ici. Le profil est de l’emploi. » Humour du zeugme : « Nom d’une pipe [dans la série de ceux] à consonance étrangère, de l’expéditeur [ou] du client ». Dans le lacunaire sériel s’engouffre le sens, placablement triste.
Passée du nombre au nom, du seul à l’infini, dans un jeu de polices, de formats, du courant au géant, Isabelle Lartault ajoure les pages à blanc comme un silencieux métal.

(13/12/2011)