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Isabelle Sauvage, poèmes et photos - Christophe Stolowicki

jeudi 27 novembre 2014
Photo © Joëlle Stolowicki.
Par Christophe Stolowicki
Au festin du blanc, de l’aplat, une nouvelle collection chez Isabelle Sauvage associe poèmes et photographies dans une respiration inédite. Hauts volumes nus discrètement paginés en creux que coffre une couverture à rabat unique, marque-page – appellent une poésie verticale.
Carole Darricarrère. Chair de l’effacement. Photographies de l’auteure. Isabelle Sauvage, 58 p., 17 €.
Une parole indurée, concrète à fleur d’abstrait, émiette des poèmes à finales longues, de jaillissement caudal. La langue a des voltes de spasme court, de poésie timbrée à l’os. Chair de l’effacement : retrait plutôt qu’effacement, banquet carné passé au Verbe, brusquerie liquide de la métaphore rétractant « ici / l’infime son scarifié du blanc de l’épiderme », là se déployant aux « pas perdus / du son de son soi lent », au « saint de soi », au sain dessein de se desseuler en soi. Depuis Le Sermon sous la langue¹ et Demain l’apparence occultera l’apparition², le lyrisme de Carole Darricarrère s’est resserré, alenti, fait désormais effraction dans la langue, « fleuve sous l’eau peignée / du garrot de la surface ».
Les photographies, de camaïeu de sépias en reflets, s’attardent sur la poignée d’une porte refermée comme un livre. Poignée et son ombre portée déportée d’absence à cru, gond cardinal comme « le trait tactile de l’inaperçu ».
1. Seghers, 2003.
2. Isabelle Sauvage, 2009.