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Jaffeux : Courants blancs et Alphabet (ccp)

dimanche 30 novembre 2014

Par Christophe Stolowicki

Courants blancs, Atelier de l’agneau éditeur, 80 p, 16 €.
Alphabet. De A à M.  Passage d’encres, coll. Trace(s), 390 p, 30 €.

Depuis que je connais Philippe Jaffeux je suis fâché de devoir probablement mourir.

Pour échapper au sort commun je bâtirai une œuvre colossale. Des courants blancs synaptiques me parcourent de frissons, mon alphabet se subdivise et sa moitié de A à M porte un quart livre en chacun de ses flancs. Le sang d’encre qui me ronge lève des portées de lettres comme dents de géant. Les contraintes que je m’inflige plus fertiles que les allées du rêve.

Pardonne-moi, Jaffeux, de plaisanter. Ta lecture arrache les rimes, les tripes et la raison. Un tour de vis, un tour d’écrou, un élargissement intellectuel, trois petits tours et s’en demeure un monde clos, un monde vaste comme la négation de la douleur ; de l’angoisse vrillée à son asymptote.

« Il voyageait au moyen d’un vide réfractaire à une course sclérosante contre son corps. »

[...]
« Son château de cartes s’effondra car il était construit avec un jeu de fausses cartes blanches. »

Alpha bée. Béant céans sempiternel dont un « analphabète » égrène à l’infini de langue en glotte les nombres premiers, les antinomiques linéaments. Un génie aux pieds d’argile torture l’achillée. S’élève d’antonymes aux sommets en abyme.¹

1. Également paru ce semestre 2014 : Philippe Jaffeux, Courants 505 : Le vide, revue Ficelle, monotypes de Vincent Rougier. Soligny-la Trappe, Rougier V. éd. 9 €.

http://cahiercritiquedepoesie.fr/auteurs/philippe-jaffeux