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Je devine et j’ose - Arnaud Le Vac

vendredi 4 mars 2016

Passage d’encres III - n° 7 - 1er trimestre 2016 - issn en cours.

JE DEVINE ET J’OSE

Dans des voyages métaphysiques

Le ciel dans la lumière de janvier
et l’extrême mobilité du temps.
Le monde aussi vaste
que le monde présent ?

C’est ici et pas ailleurs,
dans le langage ;
dans et contre le temps.

C’est ici, sous les yeux
et les oreilles,
comme en plein jour,
en pleine nuit,
dans le déploiement des voyelles.

À la lecture d’Héraclite
et de Parménide.
J’allais oublier Lucrèce.

C’est ici, mais plus alors.

Tout un siècle dans la visée
de Dante
et d’Homère.
Et comme si de rien n’était :
l’histoire suit son cours.

C’est ici, mais plus alors.
Au-devant des quais,
sur les berges,
sous les ponts et les arbres,
à la lecture de Job et de David.

Dans le silence,
la voix et le rire :
devant soi,
tout autour de soi.

C’est ici, sur une île :
la Seine en crue.

*

Le génie garantit les facultés du cœur

Le soleil se lève
et les deux grandes fenêtres du salon
ouvrent et dégagent la vue
sur le monde.

Quel sujet, quel corps,
dans quelle histoire pour le dire ?

Cela pourrait être sur ce boulevard
ou un autre.
Cette rue qui descend sur la place
et ses fontaines.
À travers un regard,
un geste, une attente.

Ce qui s’est écrit,
et s’écrit encore
de ce qui s’écrit,
s’écrivant
de l’épaisseur du possible.

Quelqu’un qui dirait :
Je devine et j’ose ;
me voici tel que je suis.

Arnaud Le Vac