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Deux Duos de Christiane Dujon à La Guillotine (Montreuil)

samedi 2 juillet 2016
© Christiane Dujon. Duo.
« Sous la lumière des projecteurs, les grains de farine tissent un voile qui dévoile. »
DEUX DUOS DE CHRISTIANE DUJON
À LA GUILLOTINE (MONTREUIL)
La Guillotine1 en ce dimanche 26 juin 2016, durant la périphérie du 34e Marché de la poésie consacrée à Passage d’encres, Christiane Dujon2 nous présente deux Duos, deux photographies en noir et blanc que la plasticienne qualifie de « photographies du geste », créés « en réinterprétant et intégrant dans ses œuvres des dessins de Louis-Michel de Vaulchier ».
La plasticienne exécute des jetés de farine tel un Jackson Pollock3 ?, un Robert Malaval4 ? (qui eux aussi s’exprimaient par le jet) et dont les retombées semblent former des sillons cosmiques (tel un Robert Smithson5 ? Chorégraphie gestuelle, que Christiane Dujon explique : « Tentation de réinterpréter et d’intégrer les dessins du poète ».
Ainsi, « sous la lumière des projecteurs, les grains de farine tissent un voile qui dévoile ».
Au-delà de ce dévoilage, rejoignant par là même l’office que joue le révélateur dans le processus du tirage de la photographie, c’est une vision fulgurante, rapide comme l’éclair qui nous fut donnée à voir. N’en reste que des éclats d’une magique rencontre à la beauté suprême où l’indicible de l’autre y est murmuré.
Parallèlement, à cette proposition plastique qui entrelace deux mondes, ce duo, ne semble-il pas traduire celui que forment les deux plasticiens, dans une liberté respectueuse traduite par la subtile proposition glissée par la photographe : les aléas de l’aléatoire ? Que les dés en soient jetés.
Tout ce blanc
Sur du déjà sur…
Arrive ce moment où les lignes se rapprochent
Jusqu’à se toucher…6
Sylvie Reymond-Lépine
Paris, 1er juillet 2016
NOTES :
1. La Guillotine, 24 rue Robespierre à Montreuil (93100), est une ancienne manufacture dont les pièces spacieuses ont été reconverties pour accueillir la poésie sous toute ses formes.
2. Christiane Dujon, plasticienne. Vit et travaille à Malakoff (Hauts de Seine). À présent, s’exprime par des installations poético-plastiques à base de photographies accompagnées parfois de textes ou de vidéo.
3. Jackson Pollock (1912-1956), peintre américain de l’expressionnisme abstrait. Pratique l’all-over ainsi que le dripping, technique qui consiste à faire des superpositions…
4. Robert Malaval (né en 1939 à Nice, mort en 1980 à Paris). Artiste glam-rock. Durant son exposition en 1980 « Attention à la peinture », à La Maison de la culture de Créteil, l’artiste, dans la fosse, sous les yeux du public procédait à des jetés de peinture telles des notes de musique sur de la musique rock.
5. Robert Smithson (1938-1973), est un artiste américain lié à l’art minimal et au land art. Smithson cherchait la désintégration, le glissement, la coulée, l’avalanche, le flot.
6. Louis-Michel de Vaulchier vit et travaille à Malakoff. Poète, plasticien , vidéaste, de formation scientifique. Associe des démarches situées aux voisinages des frontières : art/science/écritures/ images fixes (dessins, photos, schémas)/ou en mouvement (vidéos). Ces lignes proviennent de sa « lecture augmentée » [de dessins] d’un conte paru dans Bien vue-mal vue (éd. L’Atelier de l’agneau, 2016), le 26 juin à La Guillotine.